Arnaud Mercier : « Le webjournaliste va disparaître »

Julien Pesce - Ilographisme.fr
Julien Pesce – Ilographisme.fr

Responsable de l’Observatoire du Web-journalisme, Arnaud Mercier est une figure dans la réflexion sur l’évolution des pratiques et des outils du journalisme.
Cette année, OBSWEB était co-organisateur des Assises du Journalisme qui se sont déroulées du 5 au 7 novembre 2013 à Metz.
Par la même occasion sont organisées les quatrièmes entretiens du web-journalisme.

Arnaud Mercier revient ici sur le webjournalisme, qu’il conçoit comme un journalisme Shiva.

Le web-documentaire Journalistes 2.0 réalisé par Denis Robert a suscité l’intérêt des internautes. En moyenne, ils sont restés 7 minutes 31 sur le produit (contre quatre minutes en moyenne). Comment expliquez-vous cela?

Logo Journalistes 2.0Arnaud Mercier : C’est une hypothèse : je pense que le web-documentaire touche des jeunes qui sont passionnés par le journalisme. Et ces jeunes sont ceux qui sont le plus à même à consommer en ligne, notamment via la catch-up TV. De plus, la profession l’a accueilli unanimement, et Denis Robert a une certaine notoriété dans le milieu.

Depuis sa sortie, il y a un effet queue de comète. Aujourd’hui, on peut considérer ce documentaire comme une référence méta-journalistique.

Vous avez été un des premiers à employer la notion de journaliste Shiva. Est-ce toujours valable?

A.M. : C’est une déléguée journaliste CFDT qui mentionne pour la première fois de journaliste Shiva aux Assises du journalisme à Strasbourg en 2010. Ce qui me différencie d’autres professionnels, c’est que je revendique cela comme un point positif. D’ailleurs, le « journaliste Shiva » [ci-dessus] apparaissait sur l’affiche des deuxièmes entretiens du webjournalisme.

Le journaliste Shiva n’est pas seulement un professionnel qui sait filmer, rédiger, photographier, etc. Il sait avant tout jouer avec la complémentarité des supports. Toutes ces compétences lui permettent de produire du contenu rich-média.

Allons-nous passer des 5W aux 5C (contexte, conversation, curation, communauté, collaboration), comme le suggère Cédric Motte dans cet  article?

OBSWEBA.M. : Je suis tout à fait d’accord avec Cédric Motte. En fait, le webjournaliste, car c’est de lui dont on parle, va disparaître! « Webjournaliste » est, normalement, un label transitoire qui n’aura plus aucun sens car toute la profession pensera « Web first ». Dans quelques temps, il faudra rebaptiser OBSWEB.
Dans une rédaction, le journaliste a toujours travaillé entouré d’une multitude de professionnels. Autrefois typographes, imprimeurs… aujourd’hui développeurs ou designers. C’est pourquoi il doit s’adapter. Et pour pouvoir dialoguer avec cette nouvelle équipe, le journaliste doit connaître des notions de code, d’utilisation des réseaux sociaux et de logiciels de retouches d’images, pour ne citer que quelques exemples. On lui demande d’avoir cette agilité culturelle, web, collaborative pour ce nouvel écosystème.

Eric Scherer a dressé 10 compétences tech du journalisme web en 2014. J’en ai sélectionné quatre : l’information prédictive, le data-journalisme, le drone-journalisme et le sense-journalisme. Pouvez-vous en choisir deux et argumenter votre décision?

Arnaud Mercier n'hésite pas à expérimenter lui-même les nouveaux outils du journaliste.
Arnaud Mercier n’hésite pas à expérimenter lui-même les nouveaux outils du journaliste.

A.M. : Disons le data-journalisme et le drone-journalisme.
Le data-journalisme est la conséquence directe de la rencontre entre OpenData et Data-visualisation. Des applications qui gèrent les données vont se développer, des associations vont faire de l’OpenData leur combat… tout cela amènera le data-journalisme à sa maturité en 2014.
Concernant le drone-journalisme, c’est encore au stade de l’expérimentation. Le grand public commence seulement à différencier les multiples usages du drone, encore vu comme une arme. Pourtant, les usages civils se développent. On peut citer son utilisation par les pompiers lors de sinistres. Je dirais que le drone-journalisme sera véritablement ancré dans la profession vers 2015. Mais attention, ce n’est pas une révolution. C’est simplement un nouvel outil qui pourrait, en effet, se retrouver dans le sac à dos du journaliste Shiva!

 

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