WeDoData est un studio de dataviz et datajournalisme, fondé par Karen Bastien et François Prosper. Je me suis entretenu avec Karen Bastien en juin 2015 sur la présence du design expérience utilisateur chez eux.
À WeDoData, que veut dire “UX design” ?
À Wedodata, l’UX design représente la jonction de 3 types de cerveaux : celui du fond, de la forme et de l’interactivité. En tant que journaliste, je ne suis plus seule sur la création de l’information. Et c’est ce qui est le plus stimulant. C’est un travail collaboratif qui va se jouer entre la data, le designer et le développeur. Tout avance en même temps avec pour objectif un parfait équilibre fond / forme / interactivité. Comme nos projets se font majoritairement sur du long terme et du sur-mesure, ils représentent évidemment plus de temps de travail. Donc il faut être vigilant à ce que cet équilibre posé en amont se retrouve jusqu’au bout.
Comment travaillez-vous en interne ?
Nous travaillons bien entendu en mode projet avec des réunions régulières qui sont surtout des moments de rencontre pour mettre en commun les explorations de chacun. Par ailleurs, chacun a une demi-journée par semaine pour apprivoiser un outil ou pour effectuer sa veille. On se tient au courant du travail des autres et on créé des ressources d’auto-formation à partager.
Utilisez-vous des personnas ?
Oui, nous utilisons des personas. Certains reviennent et des nouveaux sont parfois créés pour des projets particuliers. Comme nous travaillons à la fois pour des médias et des institutions publiques, il y a forcément une diversité de publics visés.
Que vous apporte l’architecture de l’information* et les méthodes de travail type Agile, Lean, Scrum ?
La discipline de l’architecture de l’information nous apporte un nouveau regard sur nos projets et une précision sur le façonnage des personas et une meilleur organisation de nos bases de données par exemple. Nous n’avons pas formellement adopté la méthode Agile car nous travaillons plutôt de manière intuitive.
L’UX design dans le journalisme, c’est trouver un équilibre avec le lecteur.
Vous sentez-vous proches des médias ? Ont-ils les même méthodes que vous ?
Nous nous sentons très proches des médias tout simplement car c’est notre ADN d’origine si j’ose dire. C’est à Libération que nous avons commencé à collaborer avec François, puis à Terra eco. Nous leur apportons du recul, car nous n’avons pas le nez dans le guidon, nous pouvons penser le temps long. Et c’est également de nouvelles méthodes que nous impulsons auprès d’eux, comme une réflexion précise sur la cible de lectorat visée. Car ce qui est nouveau avec le web, c’est qu’on peut créer des expériences spécifiques pour certains groupes de personnes. L’angle devient de fait plus précis.
Les méthodes de l’UX Design peuvent-elles être bénéfiques pour le journalisme ?
Oui. L’UX permet au journaliste de sortir de son obsession personnelle, qui est souvent le point de départ d’une enquête. En effet, il oblige à se questionner sur ce qui intéresse les lecteurs dans un sujet. Si ceux-ci ne sont pas présents autour de la table lors de la conférence de rédaction, sur le web, on doit chercher l’équilibre sujet / lecteur.
En bonus, l’évolution du prototypage du projet “La Fabrique à Débats” réalisé pour Libération lors des élections présidentielles en 2012
Étape 1 – les croquis
Étape 2 – on passe sur ordinateur
Étape 3 – La couche graphique est rajoutée
* WeDoData a reçu Monia Zergane en stage en juin 2015. Monia est étudiante du Master Architecture de l’information de l’ENS de Lyon (Disclaimer : moi aussi)