Reportage vidéo: mode d’emploi

Public visé, budget, durée… autant de critères qui déterminent le format de votre reportage. Bien qu’ils diffèrent suivant le commanditaire, des règles toute simples peuvent être appliquées pour réaliser un produit « passe-partout ». Préparation, tournage et production; voici les conseils qu’il n’est jamais déconseillé d’appliquer.

Différentes formes de reportage

Avant toute chose, définition.

Un reportage vidéo est un produit audiovisuel qui répond à une demande d’information en images. Sa durée peut varier de quelques secondes à une dizaine de minutes. Même si la frontière est (très) floue, le reportage se différencie du documentaire en cela qu’il n’est pas une oeuvre audiovisuelle (juridiquement), qu’il n’est pas réalisé (par un réalisateur) et qu’il prétend livrer une information d’actualité, rapidement et sans trop de recherches à propos du sujet. C’est un produit de flux, contrairement au documentaire qui est un programme de stock.

Aussi, le reportage revendique le « no point of view », tandis que le réalisateur de documentaire est volontairement subjectif, puisqu’il énonce un point de vue.

Voix off ou pas voix off ?

Il existe, en gros, deux manière de réaliser un reportage. L’élément déterminant est la voix off. D’un côté, un reportage avec voix off aura un côté très « news »; c’est le narrateur qui mène l’histoire racontée. Cette histoire est illustrée par des interviews, elles aussi illustrées par des plans… d’illustration. L’autre manière bannit la voix off et laisse la narration aux protagonistes. Attention à ne pas utiliser cette méthode par solution de facilité. Enlever la voix off implique implicitement un reportage beaucoup plus travaillé, avec beaucoup de plans d’illustration et une structure visible.

Préparation

Un bon reportage est un reportage bien préparé. Ne négligez pas cette partie du travail qui consiste à élaborer la problématique du reportage, le plan (introduction, développement, conclusion) et à déterminer les protagonistes qui vont intervenir. Réfléchissez aussi, par rapport à votre budget et à votre temps, les lieux de tournage et le matériel employé.

Planification et budgétage

Essayez de cadrer au maximum votre projet, soit de planifier chaque étape, de rédiger clairement le plan à suivre et vos questions et d’informer tous les acteurs du reportage à temps (techniciens, protagonistes…). Cela vous permettra de vous rendre compte du temps qu’il faudra mais aussi d’anticiper les besoins humains. Pour vous aider, vous pouvez créer un planning heure par heure et un calcul des coûts. Si vous voulez tourner dans un lieu privé, prévenez le propriétaire à temps et faites-lui signer une autorisation de tournage. Évitez d’envoyer vos questions aux intervenants afin d’obtenir des propos inédits, détaillés et riches.

24 heures pour 3 minutes

Pour un reportage qui ne dépasse pas les trois minutes (environ), prévoyez, schématiquement, un jour de préparation, un jour de tournage et un jour de postproduction.

Structure

Tout comme l’article papier, votre reportage doit adopter la structure de la pyramide inversée, c’est-à-dire d’aller du général au particulier. Dès les premières secondes, pensez à donner au spectateur les 5W (What? Where? When? Who? Why?) et éventuellement les 2H (How? How much?).

Protagonistes

Bien que cela dépend de votre angle d’attaque, les protagonistes peuvent être:

  • des individus concernés par le sujet
  • des badauds
  • des experts
  • des politiques

Matériel

Admettons que votre budget est restreint pour votre reportage. Pas de problème; le matériel indispensable se résume à:

  • un caméscope (sur batterie)
  • un monopod (ou trépied)
  • un micro-cravate (de préférence HF)
  • un micro omni-directif pour les prises de son ambiant (avec perche et bonnette anti-vent)
  • une minette, éclairage à led à fixer sur le caméscope (facultatif)
  •  des filtres CTB, CTO et ND pour la lumière (facultatif)

Tournage

Vous savez exactement ce que vous allez dire et ce que vous allez faire dire à vos intervenant. Il est temps d’aller à leur rencontre. Avant de partir, prenez le temps de vérifier le matériel et de vous assurer que les consommables sont utilisables. Arrivez une demi-heure avant l’interview. Installation du matériel et repérage des lieux doivent se faire avant l’interview. Cela vous servira de ne pas filmer des oeuvres (atteinte à la propriété intellectuelle).

Votre intervenant

A votre intervenant, (re)présentez-vous et (re)expliquez le pourquoi du comment de l’interview. Réconfortez-le sur les supports de diffusion si besoin est. A ce propos, il vous faut lui faire signer une cession de droit à l’image.

Ne négligez pas la pose du micro-cravate, qui doit apparaître discrètement à l’image. Procédez à des tests-micros. Un bon moyen de le vérifier: avant de commencer l’interview, lancez l’enregistrement et demandez au protagoniste de se présenter. Cela vous laissera éventuellement le temps d’ajuster le niveau du son et le cadre et permettra de vous rappeler en temps voulu qui est exactement l’intervenant (titre précis). Bien sur, les règles sont différentes en micro-trottoir où vous tendrez à la personne un micro dynamique.

Assis, l’intervenant nous fait une confession. Debout, c’est une déclaration sur l’instant, spontanée.

Pour l’interview, le seul conseil à donner est de ne pas émettre de sons lors des réponses (onomatopées, « ok »…) qui gêneront au montage. Pensez à filmer des entrées et des sorties de plans (par exemple en filmant le protagonistes qui s’assoit sur sa chaise pour parler).

CC robayreLe cadre

Le caméscope doit être, de préférence, placé à hauteur des yeux de l’interviewé. Le choix de la valeur de plan vous appartient, mais évitez de couper le haut de la tête (« casquette ») et de placer la personne au milieu du cadre. Esthétiquement (règle des tiers), le protagoniste doit apparaître sur le tiers gauche ou droit de l’image et vous regarder à l’opposé. Il ne doit pas fixer la caméra ni regarder trop sur le côté (de profil).

Images d’illustration

Pour tourner les images d’illustration, connectez le micro omni-directif à votre caméra ou utilisez le micro intégré. Ce son servira au montage son pour réussir les transitions (avec fondus). Bien sur, toutes vos images illustrerons les propos et ne serviront pas telles quelles. Pour un reportage de trois minutes, tournez 30 minutes d’illustration (soit 10 fois la longueur du reportage). Le plus important pour ces images est d’y intégrer vos protagonistes. Inutile de filmer des locaux vides ou des bâtiments sans que l’on y voit vos intervenants. Filmez du mouvement.

Postproduction

Vous avez réfléchi à la forme de votre reportage comme nous l’avons vu plus haut ? Si oui, place au montage. Si non, ce n’est pas grave, voire aussi bien. Chaque chose en son temps:  après avoir regardé vos rushes, vous pouvez aisément mettre en place un plan, qui ne coïncide pas forcément avec ce que vous aviez imaginé avant ou pendant le tournage.

Dans tous les cas, soignez l’introduction, la conclusion et les transitions. Pour rappel, une introduction doit aller du général au particulier et la conclusion du particulier au général. La transition peut prendre la forme que vous souhaitez. Par exemple, ces trois moments du reportage peuvent prendre la forme d’images commentées par une voix off (commentaire).

Étalonnage

Une fois le montage terminé, ne négligez pas l’étalonnage son et vidéo. L’étalonnage son consiste à harmoniser les niveaux, à perfectionner  les transitions (des simples fondus enchaînés peuvent suffir) et à minimiser les impuretés. Si vous procédez à l’enregistrement d’une voix off, munissez-vous d’un micro à large membrane (très directif) et d’un filtre anti-pop. Rappelez-vous, le son est (presque) plus important que la vidéo.

L’étalonnage vidéo va permettre d’obtenir des images avec la même référence de blanc et de procéder à une harmonisation les couleurs.

Si vous voulez ajouter des synthés, des cartons ou un générique, il faut que le spectateur ait le temps de lire le texte à haute voix. Enfin, pour les sous-titres, apposez-y une ombre portée de cinq pixels et un contour.

Et pour finir

Vous êtes satisfait du résultat ? Vous devez maintenant le formater au standard PAD de la chaîne télévisée. Si vous voulez le diffuser sur le web, le format à adopter est le HDTV 1280×720 à 25 images/secondes (H264) pour son bon rapport qualité/vitesse (d’upload et de lecture).

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