Le Jour J : une communauté (et de l’argent) pour les reporters

Le Jour J
Le Jour J – Crédits : Marianne Hirsch

Le Jour J, c’est à la fois un média et une plateforme de financement participatifs qui permet aux journalistes de présenter leur projet de reportage pour le faire financer et pour se constituer une communauté.


Après avoir discuté avec Julien Pouyet pour Innovalisme, les trois entrepreneuses Claire Darré, Sophia Klotz et Marianne Hirsch ont bien voulu répondre à mes questions.
Note : cette interview sera également intégrée à celle donnée à Innovalisme

Quelle est l’origine du Jour J ?

À la base, Le Jour J est un projet d’études à l’ESCP qui a été exporté dans la vraie vie. Ça avance mais nous avons pris du retard sur le développement web.
Nous comptons créer une structure mais nous ne nous sommes pas encore décidé pour laquelle. Nous hésitons entre une structure lucrative ou une association. Nous sommes actuellement à la recherche de conseils juridiques.

Vous considérez-vous comme un média ?

Nous nous considérons comme un média car Le Jour J n’est pas uniquement un facilitateur de financements. C’est aussi un diffuseur.

Nous proposons une nouvelle vision du reportage, celle qui fait émerger des sujets originaux  qui ne sont pas le choix plus ou moins éclairés de quelques-uns, mais qui impliquent l’audience. Nous souhaitons également renouer une relation de confiance et de complicité entre le journaliste et son audience.

Pour vous, qu’est-ce qu’un nouveau média ?

Pour nous, un nouveau média est principalement tourné vers le numérique. Il offre un moyen de s’informer de manière différente et de nouvelles formes de contenu. Mais il fait surtout entrer son audience au cœur de son travail. L’audience participe, s’investit, s’implique. Elle prend une place au sein du média. Un nouveau média aujourd’hui c’est pour nous une rupture de la relation pyramidale entre le journaliste et son audience. On tend à encourager une relation plus verticale, d’égal à égal.

On voit émerger des collaborations entre nouveaux médias. Qu’en pensez-vous ?

La collaboration avec les autres nouveaux médias est indispensable. Le secteur est dominé par de grand groupes et pour avoir de la visibilité, il faut se regrouper et se rencontrer. Toutes les personnes derrière ces projets prônent le partage des idées. Nous voulons tous faire avancer les choses. En revanche, nous ne pensons pas encore à la mutualisation ni à la formalisation de ces regroupements car nous avons quand même des visions différentes. Nous espérons toutefois que le Jour J sera un outil de financement qui aidera tous ces nouveaux médias.

Avez-vous commencé l’accompagnement de journalistes ?

Nous travaillons actuellement avec un journaliste et nous en cherchons d’autres. Notre travail consiste à préparer et suivre chaque porteur de projet. Notre valeur ajoutée est d’apporter un entourage communautaire. Nous trois n’allons pas présenter de reportages.

Sélectionnez-vous les projets ?

Non, mais afin d’être présent sur le site du Jour J, le projet doit être vérifié par l’équipe pour des questions d’éthique et de moralité. Il n’y a pas de ligne éditoriale à proprement parlé, le seul critère journalistique étant d’aller sur le terrain, de voyager. Nous voulons offrir une très grande liberté au journaliste.

Avez-vous de la concurrence ?

Des solutions similaires existent à l’étranger, mais elle ont plutôt la forme de plateformes de financement participatif pour projets journalistiques.

Comment allez-vous vous rémunérer ?

Nos sources de revenus devraient être composés dans un premier temps de collaborations avec des médias traditionnels et des commissions gagnées sur chaque projet journalistique qui aura atteint l’objectif de financement.

Un conseil pour les futurs porteurs de projets ?

Nous mettons à leur disposition un guide en ligne qui prépare leur campagne en amont et pendant son avancée. Il est également préférable que nous ne soyons pas une source de financement exclusive. S’il n’atteint pas son objectif, le journaliste ne reçoit pas son argent.
En moyenne les campagnes permettent de lever 3500-4000 euros. Dans l’idéal, la communauté d’un journaliste devrait être composée de 50 internautes, mais plus sera toujours mieux !