Le Journal International : de la presse jeune à la professionnalisation

Journal International
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Le Journal International est un projet lancé par Guillaume Marron à l’Université Lyon 2 en 2008. L’idée était de proposer un journalisme différent, sans concurrencer les médias classiques. En élargissant sa couverture territoriale, le journal est devenu de plus en plus connu et s’est professionnalisé. Interview de Emmanuel Girard, rédacteur en chef du Journal International.

Courrier International est-il le modèle du Journal International ?

Emmanuel Girard : Non, on ne peut pas dire que c’est un modèle car nous apportons une analyse et une vision différente. Malgré tout, nous sommes dans la même veine.

Pourquoi publiez-vous un magazine papier de manière irrégulière ?

Emmanuel Girard : Le Journal International est d’abord un magazine papier qui tire à 13 000 exemplaires. Journalinternational.fr n’a été définitivement lancé qu’en 2012. Malheureusement, nous n’avions plus les moyens d’assurer une diffusion pérenne du magazine en kiosque. La dernière fois qu’il a été imprimé, c’était entre octobre 2013 et mars 2014.

En tant que nouveau rédacteur en chef, comptes-tu abandonner le papier ?

Emmanuel Girard : Non. J’estime que le papier n’est pas mort. Nous allons commencer par imprimer le journal de manière exceptionnelle, pour des événements par exemple, en partenariat avec les organisateurs.

Comment es-tu devenu rédacteur en chef ?

Emmanuel Girard : J’ai d’abord intégré le journal pour être lu, puis je suis devenu rédacteur culturel. Depuis six, mois, j’ai repris la machine et suis rédacteur en chef.

Quel est le modèle économique du Journal International ?

Journal International papier
Une du Journal International papier numéro 10

Emmanuel Girard : Nous recevons de l’argent de la ville de Lyon et de l’Union Européenne. Nous évitons d’aller en chercher du côté des entreprises privées et essayons d’avoir de la publicité propre.
Une campagne de financement participatif avait même permis la collecte des 7 000 euros espérés pour relancer la diffusion papier en mai 2013.

Gagnez-vous de l’argent avec le site ?

Emmanuel Girard : Hormis la vente d’un format long (« Mississippi : état fracturé » à 1,99 € ndlr), nous ne tirons aucun revenus du site. Tous les contenus sont mis à disposition gratuitement.

Quelle est l’audience du site ?

Emmanuel Girard : En juillet, le site a comptabilisé environ 250 000 pages vues pour 95 000 visiteurs uniques.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Emmanuel Girard : Le journal est actuellement dans une phase de stabilisation. De plus, nous souhaitons redévelopper la rubrique Culture. Par la suite l’objectif est de nous professionnaliser assez vite pour pouvoir payer les rédacteurs. Toute l’équipe n’a pas encore terminé ses études mais nous espérons nous impliquer à temps plein par la suite !

Le Journal International était un journal jeune à ses débuts. Est-ce toujours le cas ?

Emmanuel Girard : Non. Sur les dernières années, on parlait de journal jeune car nous poursuivions des études à côté. Mais je pense que c’est incompatible de vouloir de professionnaliser et de se considérer comme un journal jeune. Nous touchons désormais les 20-40 ans et avons une logique professionnelle de travail. Regardez, nous avons reçu le prix spécial « Grand Public » au concours Kaléïdo’scoop organisé par l’association Jets d’encre.

Pourtant, vous avez la carte de presse jeune…

Emmanuel Girard : Oui, car elle nous confère un peu plus de crédibilité et de légitimité. On nous regarde toujours de travers car nous sommes jeunes. C’est assez difficile avec les partenaires, qui s’imaginent d’abord échanger avec des “vieux” journalistes et se retrouvent finalement en face de jeunes !

Ijsberg, un nouveau média dont le lancement a été bien médiatisé, est un projet d’anciens rédacteurs du Journal International. Pourquoi sont-ils partis ?

Emmanuel Girard : L’équipe de gestion du Journal International est parti fonder un média professionnel, Ijsberg, à partir de zéro car ils n’étaient pas en accord avec Guillaume Marron sur l’ambition éditoriale et le concept du Journal International. Pour ma part, après avoir essuyé un refus de candidature chez Ijsberg, j’ai décidé d’apporter mes compétences journalistiques à Guillaume Marron dans la gestion éditoriale du Journal International. Malheureusement, le départ de l’équipe de gestion ne s’est pas fait dans les meilleures conditions. En tant que rédacteur en chef, je dois axer un changement de mentalité et réparer les pots cassés.